Retour
Berlin

Le compte à rebours pour la tarification des émissions de CO2 dans le secteur du bâtiment

Actualités | Tarification du CO2 | Le coin des experts
L'exploitation inefficace des bâtiments deviendra encore plus coûteuse à partir de 2021. © Kieback&Peter

Les mesures qui s’appliquent déjà au secteur de l’énergie et de l’industrie au sein du système européen d’échange de quotas d’émissions deviennent désormais également une réalité pour le secteur du bâtiment : Le 1er janvier 2021, la tarification du CO2 entrera en vigueur. Cette mesure vise à rendre les constructions et les habitations plus respectueuses du climat.

Un pas de plus...

en direction des objectifs climatiques

Le Fuel Emission Trading Act, y compris le système national d’échange de quotas d’émission, a de profondes conséquences sur une grande variété de secteurs. Avec un volume estimé à près de 10 milliards d’euros par an, les réglementations du système national d’échange de quotas d’émissions vont introduire la mesure de contrôle par l’État la plus coûteuse sur le marché de l’énergie depuis l’introduction de l’écotaxe en 1999.

À compter du 1er janvier 2021, l’utilisation de combustibles fossiles pour la génération de chaleur et le transport sera facturée 25 € par tonne de CO2 émise, un prix de base qui a été fixé par la loi. Cette charge financière ne cessera d’augmenter jusqu’en 2025 pour atteindre 55 € par tonne de CO2. À partir d’un prix minimum de 55 € par tonne de CO2 défini par le gouvernement, la tarification sera déterminée par le marché. 

Les distributeurs et les fournisseurs de combustibles comme le mazout, le gaz liquide, le gaz naturel, le charbon, l’essence et le diesel sont les principaux acteurs visés par cette mesure. En d’autres termes, outre la réglementation existante sur le marché de l’électricité via le commerce de certificats européens, l’attention se porte désormais sur le secteur du chauffage.

Avec la mise en place du système national d’échange de quotas d’émission, l’Allemagne envoie un signal fort : les actions inefficaces représenteront un facteur de coût considérable pour les exploitants de bâtiments.

Le levier...

pour une politique climatique efficace ?

Selon le gouvernement fédéral, le secteur du bâtiment est responsable d’environ 14 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Allemagne (en 2018), principalement en raison de la combustion de fioul domestique et de gaz naturel pour le chauffage et l’eau chaude.  

Les mesures précédemment mises en œuvre pour réduire les émissions de CO2 n’ont pas atteint les résultats escomptés. Les plans adoptés à l’échelle nationale et européenne pour 2030 et 2050 restent ambitieux et ne seront pas atteints sans le recours à d’autres mesures. Concernant l’échéance de 2030, nous avons besoin de solutions supplémentaires qui puissent être mises en œuvre rapidement.  

Le gouvernement allemand a reconnu ce point et a ainsi décidé d’introduire un système national d’échange de quotas d’émissions en décembre 2019 en votant la loi de protection du climat.  

Que cache la tarification du CO2 dans le secteur du bâtiment et à quelles nouvelles obligations les exploitants de bâtiments doivent-ils s’attendre en début d’année ? Nous avons posé la question à un expert : Björn Brecht, Directeur du centre de compétences de Kieback&Peter

author

La tarification du CO2 s’adresse clairement aux entreprises soucieuses de respecter le climat. Jamais les entreprises et les consommateurs n’ont bénéficié d’autant de mesures incitatives pour remplacer les technologies à fortes émissions par des solutions respectueuses du climat. Dans le secteur du bâtiment, le potentiel de réduction des émissions est énorme.

Björn Brecht, Directeur du centre de compétences

Des réponses...

à des questions clés

Pourquoi la tarification du CO2 s’applique-t-elle également au secteur du chauffage ?

En Allemagne, nous sommes loin des objectifs climatiques que nous nous sommes fixés. Si nous parvenons à atteindre nos objectifs 2020, nous ne le devrons qu’à la réduction de la consommation des combustibles fossiles imposée par la pandémie de coronavirus. Ce ne serait en aucun cas le résultat de mesures déjà mises en œuvre.

Conformément au plan de protection environnemental, nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du bâtiment à 72 millions de tonnes par an d’ici 2030. Si nous continuons sur la dynamique des décennies précédentes, nous enregistrerons très certainement un déficit de 28 millions de tonnes en 2030.

L’utilisation de combustibles fossiles, néfaste d’un point de vue climatique, doit devenir plus chère. C’est la seule façon d’encourager le secteur à adopter des technologies plus respectueuses du climat et à gérer plus efficacement les bâtiments. Plus les émissions de CO2 coûtent cher, plus grande est la volonté d’adopter des alternatives plus efficaces.

 

Dois-je respecter de nouvelles obligations en tant qu’exploitant de bâtiment ?  

Pour la toute première fois en Allemagne, des frais vont s’appliquer dès 2021 pour les émissions de CO2. Ensuite, les coûts vont progressivement augmenter. Aujourd’hui, nous savons d’ores et déjà qu’avec la nouvelle loi, les exploitants de bâtiment devront faire face à des coûts plus élevés. Ceux qui connaissent leur consommation peuvent tout simplement calculer le montant des coûts supplémentaires qu’ils vont devoir régler dans les années à venir.  

La réduction de la consommation des combustibles fossiles a toujours été une mission importante et juste. La tarification des émissions de CO2 représente désormais un nouvel argument de taille en faveur de l’amélioration de l’efficacité de la technologie des usines et de l’optimisation de l’ensemble du système de Gestion Technique du Bâtiment.  

À court terme, il est très probable que l’augmentation des coûts figurera parmi les préoccupations principales, car en fonction du prix d’achat, les coûts par kW/h risquent d’être jusqu’à 10 % supérieurs. À moyen et long terme toutefois, c’est la valeur des bâtiments qui sera mise en avant.  

L’Union européenne travaille depuis plusieurs années sur une taxinomie pour les investissements durables. Ce système aura indirectement un énorme impact sur l’immobilier. Il entraînera, par exemple, l’augmentation des taux d’intérêt pour les bâtiments inefficaces et détériorera leur valeur.  

Une intervention réglementaire, comme aux Pays-Bas, est également envisageable en Allemagne. Aux Pays-Bas, les immeubles de bureau devront au moins répondre aux exigences de la classe C à partir de 2023 et obtenir le label A en 2030 lorsqu’ils seront utilisés en tant que tels. Les autorités néerlandaises disposent de pouvoirs supplémentaires et sont autorisées à fermer des bâtiments. Les bâtiments qui ne respecteront pas de telles exigences risquent de devenir des « actifs irrécupérables ».  

Les propriétaires doivent en être clairement conscients : les bâtiments qui émettent trop de CO2 sont non seulement chers, mais ils représentent également un risque économique ! Ceux qui ne réagissent pas et ne se lancent pas dès aujourd’hui dans une profonde réflexion mettent en péril leurs chances de réussite et la pérennité de leur avenir.

 

Comment les entreprises peuvent-elles réagir face à la tarification du CO2 ?  

Bien sûr, les entreprises et les exploitants des bâtiments peuvent investir dans des programmes de rénovation énergétique, par exemple, en isolant la façade, en remplaçant les systèmes de chauffage ou en installant des systèmes d’approvisionnement en énergie renouvelable. Si de telles mesures permettent de réduire de façon immédiate et sensible les émissions, elles n’en restent pas moins également très coûteuses et généralement inapplicables au quotidien. En guise d’alternative, il convient d’opter pour des mesures caractérisées par un faible investissement et une courte période d’amortissement. Il peut s’agir, par exemple, d’un système de régulation des différentes pièces, d’un système de ventilation contrôlé par le CO2, d’une plus grande intégration des différents corps de métier, de panneaux d’information pour les clients et les employés, ainsi que de procédures telles que le réglage prédictif. Les propriétaires disposent d’un grand nombre d’options, mais ne pourront trouver la solution idéale applicable à leur propre situation qu’après avoir procédé à une analyse du bâtiment.

 

Ces mesures nous permettront-elles finalement d’atteindre nos objectifs en matière de réduction des émissions ?   

La tarification du CO2 est une mesure ciblée, il s’agit d’un pas important dans la bonne direction. Elle permet d’encourager fortement le pays à investir dès aujourd’hui dans des mesures d’efficacité. Nous aidons nos clients à le faire !  

Avec nos technologies, nous mettons non seulement l’accent sur l’efficacité, mais nous augmentons également le confort dans les bâtiments. Leurs occupants se sentent ainsi plus à l’aise et deviennent plus productifs. Ce facteur de bien-être ne doit en aucun cas être sous-estimé. Au sein des entreprises employant des travailleurs de la connaissance, les coûts du personnel représentent près de 90 % des charges. Négliger le confort et le bien-être serait ainsi une décision fatale, car ces deux aspects ont un impact direct sur la catégorie de coût la plus importante de ces entreprises.  

Toutefois, nous devons rester réalistes en ce qui concerne les objectifs climatiques : même avec le coup de pouce supplémentaire que représente le système de tarification de CO₂, ces objectifs ne seront pas atteints dans le secteur du bâtiment à moins que d’autres mesures phares ayant un large impact malgré la situation actuelle ne soient prises. Ceci dit, au-delà de toutes les défaillances nationales, des mesures concrètes apparaissent d’ores et déjà dans le secteur financier : les gros investisseurs, notamment institutionnels, accordent de plus en plus d’importance aux portefeuilles immobiliers durables. 

 

Bâtiments intelligents

Vous voulez continuer à renforcer l’efficacité et le confort de votre bâtiment ?

En savoir plus sur la solution MPC 2.0